Le procès de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien reconnu coupable d'agressions sexuelles sur de nombreuses victimes, a ouvert un débat essentiel sur le préjudice juvénile. La cour criminelle du Morbihan s'est récemment penchée sur la nécessité d'évaluer ce type de préjudice, afin de prendre en compte les souffrances des victimes mineures, qui ont vu leurs infances détruites. Comme l'indique Ouest-France, la notion de préjudice juvénile vise à mesurer les dommages psychologiques que des actes tels que le viol infligent aux jeunes enfants, qui sont souvent invisibilisés dans les procédures judiciaires.
Marlène, une des nombreuses victimes, a témoigné des effets dévastateurs que ces actes ont eu sur sa vie. À 13 ans, elle a été victime d'un viol alors qu'elle dormait. Malgré son incapacité à se souvenir des événements, elle a décrit les conséquences : dépression, hospitalisations fréquentes et tentatives de suicide. Elle explique : "L'accusé ne m’a pas seulement violée, il a volé ma mémoire et brisé mon adolescence". Ce témoignage poignant met en lumière l'impact profond que ces agressions ont sur la construction identitaire des jeunes adultes, une thématique que soutient également l’avocate Me Louise Aubret-Lebas.
Au procès, plusieurs avocates de parties civiles ont plaidé pour que la cour reconnaisse officiellement ce préjudice juvénile, souhaitant qu'il serve d'exemple pour d'autres affaires à venir. Comme le souligne Me Caroline Derême, cette reconnaissance, bien que rare, pourrait ouvrir la voie à un changement significatif dans le traitement des victimes d'agressions sexuelles : "On a plus de mal à bien indemniser les enfants, leur souffrance est souvent sous-estimée par le système judiciaire". Cette initiative pourrait ainsi établir un précédent et permettre à d'autres victimes de recevoir la reconnaissance qu'elles méritent.
En parallèle, la cour a mandaté des experts pour évaluer la privation des plaisirs de la jeunesse des victimes, un pas vers une meilleure prise en compte de leur détresse, ce qui pourrait potentiellement changer le paysage légal face aux crimes sexuels.
Il est impératif que la justice réagisse, car chaque jour où ces voix ne sont pas entendues, c'est une nouvelle blessure infligée à ceux qui ont déjà perdu tant. La reconnaissance de ce préjudice spécifique pourrait non seulement apporter un apaisement, mais aussi un renouveau d'espoir pour les victimes.







