Un tournant dans l'affaire du violeur au tournevis : la recrudescence de la généalogie génétique

Un suspect identifié après dix ans grâce à la généalogie génétique : quel avenir pour cette méthode ?
Un tournant dans l'affaire du violeur au tournevis : la recrudescence de la généalogie génétique
Un médecin tient un écouvillon stérile, le 17 juin 2025, à Augsburg (Allemagne). (KARL-JOSEF HILDENBRAND / DPA / AFP)

Ce jeudi 11 décembre, un suspect a été mis en examen pour le viol et la tentative de meurtre d'une joggeuse à Poitiers, survenu en 2015. Cette arrestation, survenue près de dix ans après les faits, est le fruit de la généalogie génétique, une méthode largement utilisée aux États-Unis, mais qui demeure encore floue dans le cadre juridique français.

Le cas du "violeur au tournevis" est un exemple frappant des défis rencontrés par la justice dans la traque des criminels. L'échantillon d'ADN masculin prélevé sur la scène de crime n'a pas permis d'identifier le suspect via le fichier national. Toutefois, grâce à une collaboration avec le FBI, les enquêteurs ont fait appel à la généalogie génétique pour établir un lien avec le suspect.

Comment fonctionne la généalogie génétique ?

La généalogie génétique permet d’identifier des individus en croisant leur ADN avec celui de millions de personnes ayant passé des tests ADN auprès de sociétés privées. Selon Didier Seban, avocat spécialisé dans les affaires non résolues, cette méthode représente une "réelle avancée pour résoudre des enquêtes criminelles". Si le profil du suspect n'est pas directement identifiable, des liens familiaux peuvent offrir une piste. "Chaque individu partage 50% de son ADN avec ses parents, ce qui permet, par exemple, de remonter jusqu'à des cousins éloignés," explique-t-il.

Un cadre juridique flou

Alors que des entreprises américaines comme MyHeritage ou Ancestry proposent des tests génétiques, respectivement pour moins de 100 euros, la France reste réticente à cette pratique. Les tests ADN, considérés comme des données sensibles, soulèvent de nombreuses questions éthiques, d’autant plus que leur utilisation à des fins criminelles est strictement interdite. Malgré cela, on estime qu'un million de Français ont déjà partagé leurs données génétiques avec des laboratoires étrangers.

Un projet de loi en perspective

En octobre dernier, Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a exprimé sa volonté d'encadrer cette méthode par un projet de loi. Cela permettrait aux magistrats en charge des affaires non résolues d'utiliser la généalogie génétique pour des crimes graves lorsque toutes les autres pistes ont échoué. Actuellement, seuls la Suède et quelques autres pays intègrent cette approche dans leur stratégie criminelle. La France, où l'usage de cette méthode est encore balbutiant, pourrait ainsi évoluer et potentiellement résoudre de nombreux cold cases.

Au-delà des considérations juridiques, l’arrivée de la généalogie génétique offre un espoir tangible aux victimes et à leurs familles. Didier Seban conclut en soulignant que "permettre l'utilisation de cette technique pourrait redonner espoir à des familles qui attendent justice depuis des années". Si le projet de loi est adopté, il pourrait transformer le paysage de l'enquête criminelle en France.

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