Lors de l'examen du budget 2026, le Sénat a décidé de réduire de 200 millions d'euros les crédits alloués à l'Aide médicale d'État (AME), qui s’éleve à 1,2 milliard d’euros. Ce dispositif essentiel permet de couvrir les soins de santé des étrangers en situation irrégulière ainsi que des personnes à faibles revenus. Cette décision, déjà adoptée l'année précédente, continue de susciter des réactions vives tant sur le plan politique que social.
Avec 200 voix pour et 136 contre, les sénateurs, soutenus par les commissions des Finances et des Affaires sociales, ont approuvé cette mesure. Ce vote illustre une tendance inquiétante pour certains défenseurs des droits humains, qui voient dans cette réduction un risque d'atteinte à la santé publique. Par exemple, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a qualifié l’AME de « dispositif de santé publique essentiel », arguant que le montant proposé par le gouvernement est resté inchangé depuis 2024.
Au cœur du débat, l'argument selon lequel la France détient un système de soins « très généreux » par rapport à d'autres pays, notamment l'Allemagne, émerge de plus en plus. Vincent Delahaye, rapporteur de la commission des Finances, a exprimé que cette réduction est nécessaire pour aligner le système de santé français sur les normes européennes.
En parallèle, les sénateurs ont augmenté le contrôle des soins non urgents, imposant une procédure d'accord préalable pour tous les bénéficiaires de l'AME. Ce changement touche en particulier les soins tels que les prothèses. Actuellement, cette exigence ne s'applique qu'aux personnes ayant moins de neuf mois de présence sur le territoire français.
De nombreux experts de la santé, ainsi que des organisations comme SOS Médecins, mettent en garde contre les conséquences de cette mesure. Ils signalent qu’en restreignant l’accès aux soins, on risque d’aggraver la situation de santé de classes vulnérables, en menaçant l'ensemble du système de santé.
La gauche et plusieurs organisations de santé s’opposent fermement à ces décisions, plaidant pour une meilleure régulation de l’AME afin de contrer les abus plutôt que de punir l’ensemble des bénéficiaires. Des travaux sur ces propositions sont en cours, et le gouvernement a promis d'examiner toute amélioration possible pour lutter contre les détournements.
La réflexion sur l'avenir de l'AME ne fait que commencer, avec un enjeu central : garantir l'accès à des soins de santé dignes pour tous, indépendamment de leur statut légal.







