Dans un monde politique où la rhétorique semble avoir pris le pas sur la vérité, Clément Viktorovitch, expert en langage et professeur, insiste sur la nécessité d’interroger notre rapport au discours public. Dans son dernier ouvrage, intitulé Logocratie, il décrypte une réalité troublante : le mensonge, autrefois perçu comme une anomaly, est devenu une norme.
Viktorovitch explique que cette transformation a eu lieu progressivement et a culminé avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017. Ce phénomène, qu'il nomme logocratie, désigne un mode de gouvernance où la manipulation du discours et la banalisation du mensonge sont établies. Selon des analystes politiques tels que Jean-Pierre Dufau, cette dérive compromet les fondements même de la démocratie.
« Le langage ne se limite pas à décrire la réalité, il finit par la sculpter », affirme Viktorovitch. D'autres experts, comme la sociologue de la communication Marie Desjardins, soulignent que cette évolution va de pair avec la montée de la post-vérité, où la plausibilité remplace la véracité. Des termes flous tels que « islamo-gauchisme » infiltrent le débat public sans définition claire, indiquant une dégradation des standards linguistiques.
Face à cette situation déplorable, Viktorovitch appelle les citoyens à ressentir et exprimer leur indignation. Pour lui, la colère est une émotion politique essentielle : « N’abdiquez pas l’exigence d’éthique en politique », exhorte-t-il. Son message résonne comme un appel à une réappropriation de la sphère politique par un public assidu et engagé.
En fin de compte, l’écrivain et théoricien du langage plaidait pour une vigilance accrue dans la manière dont nous consommons et participons au discours public. Loin de se résigner, il voit dans l’engagement citoyen la clé pour contrer la logocratie. Ses remarques se révèlent particulièrement pertinentes à une époque où le lien entre vérité et discours public est plus crucial que jamais.
