Le 1er janvier 2026 marquera un tournant historique pour la Bulgarie, qui deviendra le 21e membre de l'Union européenne à adopter l'euro, abandonnant ainsi sa monnaie nationale, le lev. Cette décision intervient dans un contexte fragile alors que le pays fait face à de nombreuses incertitudes politiques, notamment après le renversement de son gouvernement en décembre en raison de manifestations anti-corruption massives. La situation économique précaire de la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'UE avec un salaire net moyen de seulement 780 € par mois, suscite des préoccupations profondes concernant l'impact de cette transition monétaire.
Malgré les assurances de Rossen Jeliazkov, le Premier ministre démissionnaire, qui affirme que la transition se déroulera sans heurts, de nombreux Bulgares expriment des craintes. Selon un sondage réalisé par Alpha Research, 27 % des citoyens se disent inquiets pour 2026, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 16 % de l'année précédente. Plusieurs Bulgares redoutent que des arrondis sur les prix, lors de la conversion de leurs achats, ne nuisent à leur pouvoir d'achat déjà affaibli.
Dimitar Radev, de la Banque nationale bulgare, tente de rassurer en expliquant que des leçons ont été tirées des expériences d'autres pays ayant adopté l'euro. Il déclare : Si la transition est bien gérée, les effets négatifs sont limités.
Toutefois, la défiance envers le gouvernement est palpable, accentuée par la corruption persistante qui affecte le pays, comme l'indique la spécialiste Boryana Dimitrova de l'institut de recherche Alpha.
Les inquiétudes sont encore renforcées par la dépendance des Bulgares aux paiements en espèces. Zlatka Padinkova, responsable de la lutte contre la fraude, appelle à un passage aux paiements par carte pour réduire les risques d'escroqueries. Néanmoins, cela pose un défi, car les banques ont déjà prévu que les terminaux de paiement seront inaccessibles durant plusieurs heures durant la nuit de la transition, soulevant des craintes concernant une telle précipitation en plein réveillon.
Alors que les Bulgares se préparent à cette transformation, Bilyana Nikolova, une commerçante de Chuprene, s'inquiète de la gestion de ce changement et envisage même de fermer temporairement son épicerie le temps que les choses se mettent en place.
L'angoisse autour de l'adoption de l'euro en 2026 reste donc très présente, laissant présager des mois de débats et de préparations délicates, tant sur le plan économique que sociétal.







