Le parquet de Paris a confirmé l'ouverture d'une enquête sur l’enregistrement clandestin d'une conversation impliquant les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand, en compagnie de deux responsables du Parti socialiste. Cet enregistrement, diffusé en septembre par le magazine L’Incorrect, a suscité une large controverse dans le paysage médiatique français.
Selon des sources proches de l'enquête, la plainte des deux journalistes survient après la publication d’une vidéo enregistrée sans leur consentement. L’affaire a été largement commentée sur des plateformes de médias réputés, alimentant une guerre médiatique entre l’audiovisuel public et des chaînes comme CNews et Europe 1, liées au groupe Bolloré.
Le parquet a ouvert cette enquête pour « atteinte à l’intimité de la vie privée par captation » et d'autres infractions similaires. Arthur de Watrigant, directeur de l'information de L’Incorrect, a été interrogé par les enquêteurs dans le cadre de cette affaire.
Les enjeux de cette situation se révèlent particulièrement préoccupants, notamment pour la protection de la vie privée des journalistes. En effet, de nombreux experts en droits de la presse, tels que Julien Pain, mettent en garde contre la banalisation de l’espionnage médiatique, qui pourrait engendrer un climat hostile vis-à-vis des professionnels du secteur. Il est essentiel de rappeler que le rapport Dalloz sur la déontologie journalistique souligne que le respect de la vie privée est fondamental pour la pratique éthique du journalisme.
Cette affaire intervient également après que Thomas Legrand ait déposé une nouvelle plainte concernant un autre enregistrement clandestin d'une conversation avec Laurence Bloch, ancienne numéro 2 de Radio France. Ce nouvel incident, survenu en décembre, concerne les accusations d’« espionnage » portant sur un échange jugé privé. Legrand a exprimé son indignation lors d'une audition devant la commission d'enquête sur l'audiovisuel public à l'Assemblée nationale, qualifiant ces pratiques de « inacceptables ». Laurence Bloch a également pris des mesures légales, signifiant un désir croissant de protéger l'intimité des conversations professionnelles.
Cette situation met en lumière de nombreuses questions relatives à l'éthique dans le journalisme, et les incertitudes qui pèsent sur la frontière entre reportage et espionnage. Alors que l'enquête est toujours en cours, les ramifications de cette affaire pourraient bien redéfinir les limites de la pratique journalistique en France.







