Le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, a exprimé ses inquiétudes concernant l'avenir du programme Scaf (Système de combat aérien du futur) lors d'un récent colloque. Selon lui, les incertitudes qui planent sur le projet de 100 milliards d'euros, visant à remplacer les Rafale et Eurofighter d'ici 2040, sont largement dues aux tensions sur la répartition industrielle et au choix stratégique de l'Allemagne en matière d'importations d'armement.
Trappier a souligné que l'avenir du Scaf pourrait dépendre d'une réévaluation par Berlin de sa dépendance aux États-Unis. « Est-ce que ça va se faire ? Je ne sais pas », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il souhaite obtenir le leadership du développement de l'avion de combat, tandis qu'Airbus pourrait se concentrer sur les drones et le système de cloud interconnecté.
Les relations entre Dassault et Airbus semblent tendues. Trappier a réagi à des rumeurs évoquant la possibilité de construire deux modèles d'avions sous une seule bannière : « Personne ne m'a parlé de deux avions », a-t-il déclaré à Reuters. Les discussions entre les présidents français et allemand, Emmanuel Macron et Friedrich Merz, prévues cette semaine, devraient tenter d'apporter des éclaircissements sur ce sujet.
Guillaume Faury, le patron d'Airbus, a partagé ses réflexions sur les complications du projet, le qualifiant de « chemin de croix ». Malgré cela, il reste confiant en la capacité de coopération entre les deux géants de l'aviation. Des sources médiatiques françaises rapportent que la crise actuelle sur le contrôle industriel pourrait affecter notre capacité à développer un système de défense commun efficace, élément crucial pour l'avenir de l'Europe, selon des experts du secteur.
Les enjeux sont tels que des voix s'élèvent pour rappeler l'importance d'une collaboration rapprochée entre la France, l'Allemagne et l'Espagne. Les inquiétudes de Trappier sur la direction que souhaite prendre Berlin en matière de défense mettent également en lumière une profonde réévaluation nécessaire dans le contexte géopolitique actuel.
« Est-ce que l'Allemagne veut sortir de sa relation transatlantique en matière de défense ? » interroge Trappier, soulignant la nécessité pour l'Europe de renforcer son autonomie stratégique face à la dépendance américaine. L'unité et les compétences de l'industrie européenne pourraient définir le succès ou l'échec de ce projet ambitieux. D'autres leaders du secteur ont également souligné la nécessité d'efficacité dans les coopérations, évitant ainsi les lenteurs des démarches bureaucratiques.
