Dans la charmante commune de Quelaines-Saint-Gault, en Mayenne, l'église Saint-Gault, un patrimoine du XIe siècle, figure parmi les constructions en péril. Désacralisée et récemment déclassée, elle est désormais promise à la démolition en raison des estimations exorbitantes de restauration, jugées trop lourdes pour une municipalité de seulement 2000 habitants.
La commune, confrontée à des coûts de 600 000 euros pour remettre en état cet édifice vétuste, a opté pour un projet qui transformera le site en « jardin du souvenir » accompagné de places de stationnement. Cette décision a suscité l'indignation des défenseurs du patrimoine, qui prétendent qu'il aurait été possible de sécuriser l'église pour un coût bien moindre. Alexandra Sobczak-Romanski, fondatrice d'Urgences Patrimoine, s'exprime : « Les montants déraisonnables avancés semblent conçus pour décourager toute opposition ».
Des analyses menées par des experts, dont un architecte des Bâtiments de France, ont attesté que l'église, malgré sa dégradation, pouvait encore être sauvée. Un devis pour la restauration d'éléments critiques, comme le clocher, était chiffré à 50 000 euros. De plus, avec une mobilisation de la communauté et l'implication d'artisans locaux, il aurait été possible de sécuriser le bâtiment pour environ 100 000 euros, largement inférieur au budget prévu pour le jardin.
L'Association pour la sauvegarde de l'église de Saint-Gault, formée en réponse à l'inaction de la mairie, a réuni un soutien conséquent de 120 membres. Leur président, Christophe Logeais, insiste sur la possibilité d'obtenir des subventions à travers des partenaires comme la Fondation du Patrimoine. Pourtant, la municipalité reste apparemment sourde à leurs arguments, rompant le dialogue dès qu'un projet alternatif est évoqué.
Le contexte est d'autant plus complexe depuis la fusion de Saint-Gault et Quelaines en 1993, laissant la mairie avec trois églises à gérer et un nombre de fidèles en chute. « L'évêché considère tout bâtiment inutilisé comme superflu » déplore Christophe, qui évoque un manque d'intérêt pour la préservation du site historique.
Selon Mgr Matthieu Dupont, évêque de Laval, la décision de détruire l'église s'appuie en partie sur des évaluations de sécurité. Cependant, les défenseurs du patrimoine soulignent que l'église représente bien plus qu'un simple bâtiment : « C'est un témoin d'une époque, un lieu de mémoire et de rassemblement », conclut Alexandra Sobczak-Romanski. Avec plus de 6000 signatures récoltées sur une pétition de défense, les opposants à la démolition restent déterminés à faire entendre leur voix.
Il est crucial que des discussions ouvertes se poursuivent afin de prolonger l'existence de ce patrimoine culturel; comme le montre l'exemple de l'église Saint-Pierre de Notre-Dame-de-la-Mer, qui a été sauvée in extremis. Dans un climat où la préservation de l'histoire est fréquemment négligée, la mobilisation des citoyens pourrait bien être la clé pour préserver l'âme de nos villages.







