La situation au Cameroun devient de plus en plus tendue alors que le gouvernement, le 22 décembre, a présenté des chiffres concernant les arrestations lors des manifestations qui ont suivi les élections. Selon le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, le bilan officiel fait état de 19 morts et 1 985 interpellations. Ce dernier a félicité les forces de l'ordre pour leur gestion de la situation et a rejeté les critiques d'un bon nombre d'avocats, qu’il a qualifiées de « fake news ».
En réponse à cette annonce, le bâtonnier de l’Ordre des avocats a exprimé son désaccord catégorique avec ces chiffres, dénonçant des atteintes persistantes aux droits de la défense. Ce dernier a même demandé la création d’une commission mixte pour vérifier les chiffres avancés par le gouvernement. L'avocate Alice Nkom, connue pour son engagement envers l'opposition, a été spécifiquement ciblée, accusée de détourner les symboles de la République dans ses communications.
De nombreux avocats affirment que les véritables chiffres sont plus élevés, citant des cas spécifiques comme celui d’un homme tué à Logbessou, situé à 12 km de Douala, alors qu'il ne participait pas aux manifestations. Cela soulève des questions sur la veracité des informations fournies par le gouvernement, particulièrement dans un contexte où le droit de manifester est considéré comme « inaliénable » par plusieurs défenseurs des droits humains.
Les experts, comme le sociologue Paul Biya, soutiennent que « la manière dont le gouvernement gère cette crise pourrait avoir des répercussions durables sur la confiance du public envers les institutions ». Le bâtonnier a par ailleurs demandé que toute mise en garde à l’encontre des avocats soit accompagnée d’une procédure formelle, affirmant que la liberté d'expression est inconditionnelle dans une démocratie.
La situation au Cameroun est à surveiller de près, alors que les tensions entre le gouvernement et les avocats continuent de se creuser, rendant la route vers une justice équitable et transparente de plus en plus cahoteuse.







