Le 11 décembre dernier, Nikos Christodoulides, président de la République de Chypre, a rencontré Tufan Erhürman, le dirigeant de la «République turque de Chypre du Nord». Dans un entretien avec le quotidien chypriote Phileleftheros, Maria Angela Holguin, envoyée spéciale de l'ONU, s'est exprimée sur les discussions entre les deux leaders, dévoilant une certaine optimisme bien que demeurant prudente. Elle a noté que, malgré cette dynamique positive, il est encore trop tôt pour envisager un sommet multipartite.
«La discussion a été profonde, sincère et très directe», a déclaré Holguin. Toutefois, elle a souligné qu'il est crucial d'encourager ce dialogue naissant afin de bâtir un climat de confiance propice à des avancées significatives. Cela pourrait éventuellement mener à une réunion informelle 5+1, où la République de Chypre, la République turque de Chypre du Nord, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ainsi que des représentants de la Grande-Bretagne, de la Turquie et de la Grèce se retrouveraient pour discuter des prochaines étapes nécessaires à la résolution du conflit, un processus bloqué depuis sept ans.
Cette tension historique trouve ses origines dans une lutte de pouvoir entre Chypriotes grecs et turcs, culminant en 1963 et s'aggravant en 1974 lorsque la Turquie a envahi le nord de l'île suite à un coup d'État à Athènes. Depuis, l’île est divisée : les Chypriotes grecs gèrent le sud, tandis que les Chypriotes turcs vivent dans une entité auto-proclamée qui n'est pas reconnue par la communauté internationale.
Le président Christodoulides a également mis en avant que Tufan Erhürman n’a, «du moins publiquement», pas exprimé son soutien à un schéma à deux États. «Il est essentiel de favoriser un cadre de discussions basé sur une fédération bizonale et bicommunautaire, conformément aux directives des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il précisé.
Ce climat de dialogue pourrait représenter un tournant dans le processus, selon des experts en affaires internationales. Antoine de haute, analyste à l'Institut français des relations internationales, observe : «C'est un signe que les deux parties sont prêtes à explorer des pistes alternatives, bien qu'il reste un long chemin à parcourir.» Ainsi, la communauté internationale suit de près ces développements, espérant un retour à la paix sur une île ayant tant souffert de divisions.







