Hongkong a prononcé un verdict lourd ce lundi : Jimmy Lai, un éminent défenseur de la démocratie et fondateur du journal désormais disparu Apple Daily, a été déclaré coupable de sédition et de collusion avec des forces étrangères, dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin. À 78 ans, il fait face à une condamnation qui pourrait le priver de liberté pour le restant de ses jours.
La présidente du tribunal, Esther Toh, a affirmé sans hésitation que « M. Lai n’a jamais dévié de son intention de déstabiliser le gouvernement du Parti communiste chinois ». Ce procès, à la fois scrutiné et critiqué par diverses nations occidentales, suscite des inquiétudes croissantes quant à l’état de la justice à Hongkong, un ancien bastion de la liberté d’expression.
Arrêté en août 2020, Jimmy Lai a été au cœur d’un rouleau compresseur judiciaire, ayant subi déjà plusieurs condamnations pour des infractions mineures au cours de sa longue détention. Les procureurs l'ont accusé d'avoir conspiré avec des intellectuels influents et d'autres dirigeants d'Apple Daily pour solliciter des sanctions ou des actions hostiles contre la Chine, amplifiant encore plus la tension qui règne dans ce territoire, sous la domination de Pékin depuis 1997.
Ce procès, qui a duré plus de 156 jours, s'est tenu sans jury, une procédure qui a soulevé des craintes pour l’indépendance judiciaire, souvent perçue comme mise à mal dans le contexte actuel. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union européenne ont suivi cette affaire de près, témoignant de la portée géopolitique que cela revêt pour les relations entre Hongkong et le reste du monde.
Ce verdict a été qualifié de « parodie de justice » par le comité de protection des journalistes. Apple Daily, connu pour sa critique sans réserve du gouvernement, a été contraint de fermer en 2021, illustrant le durcissement de Beijing contre toute dissidence.
Dans ce contexte, certains experts en droit se demandent comment ces décisions judiciaires influenceront l'image de Hongkong en tant que centre financier international et bastion des droits de l'homme. Pour le cardinal Joseph Zen, qui assistait au procès, « c'est un jour sombre pour notre société », reflétant des sentiments partagés par de nombreux observateurs.
Alors que la communauté internationale continue de condamner le traitement réservé à Jimmy Lai, les implications de ce verdict au-delà des frontières de Hongkong restent à voir, mais pourraient signaler une ère encore plus sombre pour les libertés fondamentales dans la région.







