Les déclarations du président américain Donald Trump, avertissant l'Europe d'un potentiel "effacement civilisationnel" dû à l'accueil massif d'immigrés, masquent une réalité complexe : un renforcement des politiques d'asile et d'immigration sur le continent.
Pourtant, le vieillissement de la population européenne incite certains pays à augmenter le nombre de visas de travail. Alors que les statistiques d'Eurostat indiquent qu'au 1er janvier 2024, près de 29 millions de ressortissants de pays tiers vivent en Europe, représentant 6,4% de la population, la dynamique complexe des flux migratoires mérite d'être mise en lumière.
Les pays tels que l'Allemagne, l'Espagne, la France et l'Italie accueillent près de 70% des immigrés résidant dans l'Union européenne. Matthieu Tardis, co-directeur du centre de recherche Synergies Migrations, déclare : "Une partie de notre économie repose sur l'immigration", mentionnant que la France a bâti sa révolution industrielle grâce à la main-d'œuvre italienne et polonaise.
Avec un total attendu de 1,1 million de titres de séjour de travail délivrés en 2024, la tendance montre que ces permis dominent parmi les premiers titres émis, contre 589 000 en 2015. Dans des secteurs tels que la santé et le bâtiment, la présence étrangère est particulièrement notable, les médecins étrangers représentant 22% des praticiens en Allemagne et 41% au Royaume-Uni, selon l'OCDE.
Concernant les demandeurs d'asile, Eurostat a enregistré 1 million de dossiers en fin 2024, soit une diminution de 11% par rapport à l'année précédente. Le taux de demandes d'asile reste bien en deçà des niveaux de crise de 2015, où 1,3 million de demandes avaient été recensées. En outre, les arrivées irrégulières sur les côtes européennes ont chuté à 200 000, soit cinq fois moins qu'en 2015, grâce à des accords avec des pays comme la Turquie et la Libye, même si ces mesures sont critiquées pour leurs répercussions sur les droits humains.
Les politiques d'immigration se sont durcies à travers l'Europe. En Allemagne, par exemple, le chancelier conservateur Friedrich Merz a introduit des mesures plus strictes depuis son arrivée au pouvoir, résultant en une réduction de plus de 50% des demandes d'asile. Au sein de l'Union européenne, un cadre rigoureux a été mis en place récemment, ouvrant la voie à des centres de traitement des demandes situés hors des frontières de l’UE.
À l'échelle nationale, l'Italie, sous la direction de la Première ministre Giorgia Meloni, a signé un accord controversé avec l'Albanie pour externaliser le traitement des demandeurs d'asile interceptés, malgré des recours judiciaires qui bloquent l'initiative. Parallèlement, le gouvernement italien prévoit d'accorder jusqu'à 450 000 visas de travail entre 2023 et 2025 pour pallier une pénurie de main-d'œuvre.
En Hongrie, le climat est encore plus austère, avec seulement 29 demandes d'asile enregistrées (hors Ukraine) en 2024, tandis que le pays voit le nombre d’étrangers accueillis par des programmes de travailleurs invités croître. Au Royaume-Uni, les politiques restrictives ont conduit à une chute de 69% de l’immigration nette, même si les traversées de la Manche continuent d’être un phénomène préoccupant.
En somme, l'Europe est confrontée à un équilibre délicat entre la nécessité d'accueillir des travailleurs pour soutenir son économie vieillissante et le durcissement des politiques migratoires, reflétant une réponse aux inquiétudes croissantes de la population quant à l’immigration.







