La Grèce prend sa revanche sur la scène européenne : Kyriakos Pierrakakis, 42 ans, a été élu jeudi à la présidence de l'Eurogroupe, une instance qui coordonne les politiques économiques des pays de la zone euro. Ce moment fort survient dix ans après que la Grèce a failli être évincée de la monnaie unique, un épisode que le ministre français de l'Économie, Roland Lescure, a qualifié de "belle histoire".
"Il y a une décennie, l'Eurogroupe a mis en œuvre des mesures critiques pour sauver une Grèce en grande difficulté", a-t-il souligné, notant le chemin parcouru depuis lors. Le président du Conseil, Antonio Costa, a également salué cette progression, ajoutant que la Grèce avait remonté la pente après une crise qui avait laissé des traces durables.
Pierrakakis, ancien ministre de la Gouvernance numérique et de l'Éducation, a fait valoir que sa génération a démontré une "résilience remarquable" face aux défis de la crise de la dette grecque des années 2010. Dans sa présentation, il a évoqué l'importance des réformes et de la solidarité européenne, soulignant comment cette crise avait été une "épreuve existentielle" pour la région.
La compétition pour ce poste a été serrée, avec Pierrakakis affrontant le ministre belge Vincent Van Peteghem, un membre de l'Eurogroupe depuis 2020. Leur candidature fait suite à la démission inattendue de l'Irlandais Paschal Donohoe, qui avait occupé ce rôle depuis 2020.
L'Eurogroupe, instauré en 1997, joue un rôle clé dans le façonnement des politiques économiques de la zone euro, qui comptera bientôt 21 pays avec l'adoption de l'euro par la Bulgarie en janvier prochain. Le président de cette instance est chargé de préparer les réunions mensuelles des ministres des Finances et de représenter l'Eurogroupe au sein d'organisations internationales telles que le FMI et la Banque mondiale.
En parallèle à cette nomination, l'Eurogroupe a également lancé le processus de désignation pour un autre poste important, celui de vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), un héritage laissé par l'Espagnol Luis de Guindos. Ce processus, qui devrait sélectionner un candidat début 2026, sera mis à l'épreuve par l'expiration prochaine des mandats de plusieurs membres influents du directoire de la BCE.
La nomination de Pierrakakis à la tête de l'Eurogroupe est perçue comme un jalon important pour la Grèce, illustrant non seulement la résilience du pays, mais aussi un gage d'engagement pour un avenir économique solide en Europe. Les experts estiment que ce leadership pourrait influencer les discussions sur de futures réformes économiques et budgétaires au sein de la zone euro.







