Les Ivoiriens se sont rendus aux urnes samedi pour les législatives, mais le scrutin a été entaché par une participation désastreuse et quelques incidents mineurs, selon les annonces officielles. D'après la Commission électorale indépendante (CEI), le taux de participation a chuté à 32,34 %, une baisse significative par rapport aux 37,88 % de 2021.
Ce scrutin a été largement boycotté par le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), présidé par l’ancien président Laurent Gbagbo. Ce dernier, ayant subi des condamnations judiciaires, a choisi de ne pas soutenir l'élection. En dépit de cela, certains membres du parti ont tenté de se présenter en tant que candidats indépendants, mais ont été sanctionnés par leur formation.
Plus de huit millions d'électeurs étaient inscrits pour voter, deux mois après la présidentielle d'octobre, largement remportée par Alassane Ouattara. Ce dernier a obtenu un quatrième mandat avec un taux de participation de 50,10 %, malgré l'exclusion de plusieurs figures de l'opposition. Les tensions politiques entourant les élections ivoiriennes demeurent une problématique majeure, avec des pertes humaines signalées lors de la présidentielle précédente.
La journée des législatives a été marquée par des “échauffourées” localisées, maîtrisées selon les autorités, qui ont mobilisé environ 44 000 agents de sécurité pour assurer la sécurité des lieux de vote. Ibrahime Kuibiert Coulibaly, président de la CEI, a minimisé ces incidents en les considérant comme “mineurs”. Cependant, quelques vidéos circulant sur les réseaux sociaux laissaient entendre des allégations de fraudes électorales. Le député Tiémoko Assalé a déposé une plainte à ce sujet, soulignant une préoccupation croissante au sein de la population concernant l'intégrité du processus électoral.
Face à ce climat d'incertitudes, des commentateurs politiques, comme l'analyste Malick Dongo, estiment que la faible participation pourrait avoir des implications graves pour la durabilité du système démocratique en Côte d'Ivoire. "C'est un signal d'alerte, non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour les partis politiques qui doivent repenser leur rapport à la population", a-t-il déclaré dans une interview.
Dans les bureaux de vote, divers avis ont été exprimés par des électeurs. Certains, comme Jonas Amessan, ont fait part de leur frustration face à l'éloignement des décisions politiques de leur quotidien. D'autres, comme Dominique Tanou Benié, ont exprimé un devoir civique envers leurs représentants, malgré un sentiment de déception général vis-à-vis des institutions.
La situation politique en Côte d'Ivoire reste donc tendue, et alors que les résultats continuent d'affluer, il est crucial pour les dirigeants du pays de reconnaître et d'aborder les préoccupations de leur population s'ils souhaitent renforcer la démocratie et la paix sociale.







