Les Ivoiriens se rendent aux urnes ce samedi pour des élections législatives qui s'annoncent cruciales. Deux mois après la réélection d'Alassane Ouattara avec un score écrasant de 89,77%, cette journée de vote représente une étape significative pour le pays, sur fond de tensions politiques persistantes et d'exclusions au sein de l'opposition.
Dans la capitale économique Abidjan, les bureaux de vote ont ouvert avec quelques retards, en raison d'intempéries, offrant un spectacle contrasté entre l'engagement des électeurs et les défis logistiques. À l'école Notre Dame du Plateau, de nombreux habitants se sont déplacés, témoignant d'une volonté de faire entendre leur voix malgré une atmosphère électorale complexe. "En tant que jeune, je ne me sens pas représenté à l'Assemblée nationale. J'espère que cette élection donnera une voix à nos préoccupations sur l'insertion professionnelle," confie Assi Gilles Darus Aka, étudiant de 21 ans.
La majorité actuelle, dominée par le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dispose d'un large éventail de candidats, y compris des personnalités influentes comme le Premier ministre Robert Beugré Mambé. Toutefois, l'opposition se trouve dans une situation délicate. Le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), dirigé par l'ancien président Laurent Gbagbo, a choisi de boycotter ces élections, bien que quelques membres aient décidé de se présenter indépendamment.
De plus, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a engagé des candidatures, malgré des tensions au sein de ses rangs, notamment avec l'arrestation de son porte-parole, Soumaïla Bredoumy, accusé d'"actes terroristes". Cette situation a incité des experts et des analystes politiques à s'interroger sur la capacité de l'opposition à se faire entendre dans un contexte où la participation électorale n'était pas garantie.
Avec 255 sièges en jeu et 1370 candidats, dont 181 femmes, cette élection est également l'occasion de réévaluer la place des femmes en politique, un enjeu de société majeur. "Il est crucial que les femmes soient représentées à tous les niveaux de décision," affirme Marie-Josée Kouadio, militante des droits des femmes.
Dans ce climat électoral, l'issue du scrutin est incertaine mais pourrait déterminer l'orientation future de la Côte d'Ivoire, qui peine à se remettre des turbulences politiques des dernières années. Les résultats, attendus avec impatience, seront révélateurs des aspirations des Ivoiriens dans un paysage politique en constante évolution.







