Le 23 décembre, l'Allemagne a suscité une onde de choc en procédant à l'expulsion d'un citoyen syrien vers son pays d'origine, Damas. Cet acte marque un tournant important, étant le premier depuis 2011, année où la guerre civile a éclaté en Syrie, et cela malgré les craintes concernant le régime actuel.
Selon le ministère de l'Intérieur, l'individu expulsé avait été condamné pour divers délits, notamment le vol aggravé et le chantage. Une décision qui n'est pas sans soulever des questionnements. Alexander Dobrindt, ministre de l'Intérieur, a affirmé : « Les expulsions vers la Syrie et l'Afghanistan doivent être possibles. Notre société a un intérêt légitime à ce que les délinquants quittent notre pays. »
La politique allemande, historiquement réticente à renvoyer des ressortissants de pays en guerre, a connu une évolution notable. Ce changement survient dans un climat où l'extrême droite, représentée par le parti Alternative pour l'Allemagne (AFD), prend de l'ampleur, pointant du doigt l'immigration comme source de plusieurs problèmes de société.
Depuis la crise migratoire de 2015, l'Allemagne avait accueilli des centaines de milliers de Syriens, lorsque l'ancienne chancelière, Angela Merkel, avait ouvert les portes du pays. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé, et les nouvelles directives migratoires témoignent d'une volonté de renforcer le contrôle sur l'immigration.
Des experts en politique migratoire, comme Sophie Roux de l'Institut français des relations internationales, craignent que cette décision n'augmente les tensions au sein de la communauté syrienne en exil. « La plupart des Syriens expulsés risquent de faire face à des représailles en retour, et cela pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour les relations diplomatiques entre l'Allemagne et la Syrie, » a-t-elle déclaré.
En parallèle, une autre expulsion a également eu lieu cette semaine, concernant un ressortissant afghan, soulignant un durcissement général des politiques d'asile en Europe. Friedrich Merz, le chancelier allemand, n'a pas hésité à déclarer en novembre que le pays pourrait toujours expulser des Syriens, même en étant en conflit, exposant une approche pragmatique face à une crise humanitaire persistante.
Alors que les discussions avec le gouvernement syrien font surface, cette stratégie migratoire pourrait redéfinir le paysage politique et social en Allemagne. L'Autriche a déjà anticipé cette tendance en étant le premier pays de l'Union européenne à expulser un ressortissant syrien en juillet dernier. Ce changement de cap soulève la question de l'avenir des hundreds of thousands de réfugiés syriens sur le sol allemand.







