Le réalisateur Christophe Ruggia, déjà condamné à quatre ans de prison, dont deux ferme sous bracelet électronique pour agressions sexuelles sur Adèle Haenel, se retrouve aujourd'hui face à l'actrice dans une cour d'appel à Paris. Ce procès, qui s'inscrit dans le cadre du mouvement #MeToo, met en lumière les abus de pouvoir dans le milieu du cinéma français.
Le scandale a ébranlé l'industrie cinématographique après qu'Adèle Haenel a accusé Ruggia d'agressions entre 2001 et 2004, alors qu'elle n'était qu'une adolescente faisant ses débuts au cinéma. Ce récit dévastateur a débuté lors d'une enquête menée par Mediapart en novembre 2019. L'actrice a décrit des caresses répétées et non consenties par Ruggia, qui avaient lieu chez lui au cours de rendez-vous durant plus de deux ans.
Adèle Haenel, aujourd'hui âgée de 36 ans et doublement césarisée, a exprimé son besoin de se retirer des tapis rouges et plateaux de tournage pour se consacrer à des causes qui lui tiennent à cœur. Dans une lettre publiée récemment, elle a justifié son éloignement du cinéma par la "complaisance générale" de l'industrie face aux agresseurs sexuels.
Lors du procès de première instance, Ruggia a démenti les accusations, qualifiant le récit de Haenel de "pure invention". Cela a provoqué la colère de l'actrice, qui a réagi de manière vive lors de son témoignage. Des experts en droit pénal comme Maître Marion Puybasset soulignent que les comportements abusifs ayant eu lieu durant les tournages sont souvent invisibilisés, et que ce procès pourrait être un tournant dans la reconnaissance des violences au sein de l'industrie.
Le tribunal, dans son jugement initial, a reconnu que Ruggia avait exploité son "ascendant" sur Haenel. Les juges ont noté que l’emprise exercée par le réalisateur sur l'adolescente était indiscutable, affirmant qu’elle n’était pas en mesure de se défendre. Ce jugement a également condamné Ruggia à indemniser Haenel pour préjudice moral et suivi psychologique.
Les avocats des deux parties n'ont pas souhaité commenter avant l'audience de la cour d'appel. Ce procès, tout comme celui de Polanski qui a provoqué de vives réactions en 2020, pourrait ranimé les débats sur les dynamiques de pouvoir et la responsabilité des acteurs de l'industrie cinématographique. Les observateurs craignent que la nature médiatique de cette affaire n'attire des réactions passionnées.
C’est donc avec un intérêt particulier que le public attend la suite de ce procès emblématique, qui pourrait bien redéfinir les normes de l'industrie cinématographique française en matière de respect et de sécurité pour les jeunes artistes.







