Dans un climat où la militarisation du discours politique devient monnaie courante, en particulier autour du conflit ukrainien, le général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire, exprime ses préoccupations quant à l'absence de cohérence stratégique dans la posture actuelle de la France. Selon lui, il est crucial de ne pas seulement s'engager verbalement dans des positions guerrières, mais de s'y préparer effectivement par des moyens adaptés.
Au début de la guerre en Ukraine, la France a choisi de maintenir un dialogue avec Moscou, convaincue de la nécessité de ne pas humilier le président russe. Cette approche, unique en Europe, n'a pas eu l'effet escompté. Par la suite, le ton s'est durci, mais sans un ajustement réel des capacités militaires. En effet, Valeurs actuelles rapporte que la France dépense toujours un budget constant pour sa défense, ce qui signifie que toute nouvelle ambition telle que le développement d'un service volontaire se fait au dépend de capacités déjà fragilisées. Le général insiste sur le fait que la puissance d'un pays doit être renforcée avant d'adopter une posture offensive.
Les militaires français, qui historiquement ne s'immiscent pas dans le débat public, se retrouvent aujourd'hui sous les projecteurs. En particulier, les déclarations récentes du général Fabien Mandon illustrent une tendance inquiétante à rendre l'armée un outil de communication politique. "Une armée forte n’est pas celle qui parle fort, mais celle qui agit de manière stratégique", souligne Gomart. Ce dernier appelle également à un retour à la « Grande muette », qui implique que les militaires se concentrent sur leur mission de protection plutôt que sur la rhétorique.
Le projet d'un service national militaire volontaire, annoncé par le président Macron, est un sujet délicat. Gomart note que depuis l'arrêt du service militaire, il y a une véritable déconnexion entre les élus et la réalité militaire, rendant ainsi la guerre quelque peu abstraite pour la majorité des citoyens. Pour l'expert, il est essentiel de créer un lien solide entre l'armée et la nation, notamment à travers l'éducation sur les enjeux de défense dans les écoles.
Il ne s'agit pas seulement de militaires, mais de citoyens conscients de leur responsabilité collective. En s'appuyant sur l'opinion d'experts, Gomart propose d'améliorer la sensibilisation autour des menaces actuelles — qu'il s'agisse de cyberattaques ou de conflits armés. Une éducation en matière de défense et des programmes de sensibilisation permettenttrait de bâtir une véritable culture de défense.
Alors que la rhétorique guerrière se banalise, le général avertit sur les dangers d'une telle approche, en exhortant au dialogue même avec les pays jugés antagonistes. Les conflits et la paix ne sont jamais simples, mais Gomart soutient que l'intérêt de la France doit toujours primer sur les discours militaires.
En politique, ce type de rhétorique peut servir des intérêts immédiats, mais le coût émotionnel et éthique d'une guerre est toujours à prendre en considération, car il y a une responsabilité qui vient avec l'envoi de troupes au combat. En ce sens, Gomart rappelle que "mourir pour la France" ne doit pas être une simple abstraction, mais un acte dont le sens doit être compris par tous.
