Sirènes hurlantes, deux véhicules de police se précipitent ce mercredi dans l’un des quartiers populaires de Nantes. Les agents investissent le bâtiment numéro trois d'une cité comprenant plusieurs immeubles, sous le regard inquiet d’habitants épiant la scène depuis leurs fenêtres.
Une adolescente de 17 ans est arrêtée dans la cage d'escalier, en possession d'une quarantaine de sachets de cocaïne et de résine de cannabis, d’après les observateurs de l’AFP sur place.
Port Boyer fait partie des cinq quartiers ciblés par cette opération d'envergure, mobilisant 160 policiers et gendarmes, comme l’a constaté l’AFP. Cette action fait suite à des opérations similaires dans d'autres villes françaises, notamment à Marseille, où le président Emmanuel Macron a exprimé sa détermination à mener une guerre sans relâche contre le narcotrafic.
Avec le trafic de drogue alimentant la violence et un sentiment d'insécurité croissant, les points de deal se sont transformés en lieux de règlements de comptes. Au cours d'une précédente opération, la police de Nantes avait contrôlé 192 personnes, mené à 24 arrestations et réalisé plusieurs saisies de drogues.
Vêtue de noir, l’adolescente sort en larmes de l’immeuble escortée par des policiers. Elle est immobilisée dans un fourgon. Le lieu de son deal est d’une tristesse accablante, marqué par une odeur d’urine et des peintures autrefois colorées, désormais ternies.
"Depuis la mi-octobre, nous faisons face à une recrudescence de tirs dans plusieurs quartiers, dont Port Boyer," explique Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique, tandis que les agents explorent minutieusement chaque étage de l’immeuble. "Nous sommes déterminés et la présence policière sera durable jusqu’à ce que ces trafics soient maîtrisés," assure-t-il.
Pour les habitants, la tranquillité semble lointaine. Un couple, la quarantaine, évoque un quartier "relativement calme durant la journée," mais déplorent qu’il devienne "dangereux la nuit, incitant à l'éviter après un certain moment." Bassem Asseh, premier adjoint à la mairie de Nantes, souligne l'urgence de permettre aux citoyens de "vivre sereinement", insistant sur la nécessité d’en finir avec les épisodes de tirs.
Dans le secteur nord de Nantes, à quelques kilomètres de Port Boyer, le major Moreau est sur le qui-vive, essayant de traquer des dealers. Ses agents fouillent minutieusement les zones avoisinant un petit square, où les rires des enfants résonnent encore. "Les trafiquants gardent toujours sur eux 3 ou 4 doses," précise-t-il. Il constate une montée de la cocaïne sur le marché, notant même un retour flamboyant de l’héroïne, moins stigmatisée que par le passé.
La police de Loire-Atlantique fait état de 3 000 procédures pour usage de stupéfiants et de 150 pour trafic, des chiffres en forte hausse. Philippe Jos, chef de la police, souligne la nécessité d’agir d’urgence face à l’augmentation alarmante des problèmes liés à la drogue, faisant état d’une prise de conscience généralisée et d’une volonté de lutter efficacement contre cette menace croissante.







