Le Portugal connaît ce jeudi une paralysie significative, avec des troubles majeurs anticipés dans les transports, l'éducation et la santé, en raison d'une grève générale contre une réforme contestée du code du travail, mise en avant par le gouvernement de droite.
Cette mobilisation est considérée comme le plus grand mouvement social depuis 2013, à une époque où le pays avait autrefois bénéficié de l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, subissant alors des mesures d'austérité strictes. Le Premier ministre Luis Montenegro a justifié cette réforme en affirmant qu'elle vise à "stimuler la croissance économique pour créer davantage d'emplois et garantir de meilleurs salaires".
Concrètement, le gouvernement envisage d'allonger la période des contrats temporaires, de permettre aux entreprises de recruter des sous-traitants après un plan de licenciement, et d'augmenter le niveau minimum de services à maintenir durant les grèves. Des critiques s'intensifient : selon Tiago Oliveira, secrétaire général de la CGTP, principale confédération syndicale, ces propositions constituent "une attaque majeure contre le monde du travail", dénonçant une normalisation de la précarité et une dérégulation des horaires.
Environ 1,3 million de travailleurs sur une population active de près de 5 millions sont déjà dans des situations précaires, un fait souligné par Oliveira. Les syndicats ont fédéré leurs forces pour organiser une vingtaine de manifestations à l'échelle nationale. L'impact de cette grève est prévu d'être particulièrement visible dans les services publics et le secteur des transports, engendrant également d'importants retards dans le transport aérien, avec la compagnie TAP Air Portugal annonçant qu'elle ne pourrait réaliser qu'un tiers des 250 vols habituellement prévus.
Bien que la coalition au pouvoir n'ait pas de majorité absolue, elle pourrait passer ces mesures avec le soutien des libéraux et des forces d'extrême droite, désormais bien ancrées dans le paysage politique portugais. Les critiques de l'opposition, principalement de gauche, accusent le gouvernement de ne pas avoir intégré cette réforme dans son programme électoral, ce qui soulève des inquiétudes quant à la transparence démocratique.
Dans le contexte actuel, alors que le Portugal affiche une croissance d'environ 2 % et un taux de chômage historiquement bas de 6 %, de nombreux analystes s'interrogent sur la nécessité de cette réforme. Des experts suggèrent que le gouvernement devrait se concentrer sur l'amélioration des conditions de travail plutôt que d'augmenter la précarité. Les déclarations du Premier ministre, qui espère un mouvement spontané vers la normalité, contrastent avec les ambitions de la classe ouvrière qui manifeste pour défendre ses droits.
Un sondage récent a révélé que 61 % des Portugais soutiennent le mouvement de grève, un témoignage de l'anxiété grandissante face à la direction des réformes du gouvernement. Ce jeudi, le Portugal devient ainsi le théâtre d'un affrontement entre la volonté gouvernementale et les aspirations des travailleurs pour un avenir meilleur.







