Le 8 décembre, les 27 États membres de l'Union européenne ont décidé de renforcer leurs politiques migratoires, permettant l'envoi de migrants vers des centres situés hors des frontières de l'UE. Dans ce contexte, un accord signé l'été dernier entre la France et le Royaume-Uni visait à décourager les traversées clandestines de la Manche. Trois mois après sa mise en œuvre, il convient désormais d'évaluer ses conséquences.
Ce traité, connu sous le nom de « One In One Out », a pour vocation de stopper les traversées illégales vers l'Angleterre. Pour la première fois, le Royaume-Uni est habilité à renvoyer en France des migrants arrivés par voie maritime. En contrepartie, pour chaque migrant renvoyé, Londres promet d'accepter une arrivée légale. Cependant, le résultat de cette initiative est encore loin des attentes.
Les autorités françaises, peu enclines à divulguer des informations sur les vols de rapatriement, sont restées discrètes sur l'avion de retour qui atterrit à Roissy chaque semaine. Selon des sources confidentielles, l'appareil, n'étant rempli qu'à 10 % de sa capacité avec seulement 20 migrants, témoigne d'un échec retentissant de l'accord. Nombreux sont ceux, comme Yonas, un Érythréen de 23 ans, qui confient leur détermination à retourner au Royaume-Uni, invoquant l'absence de liens familiaux en France.
Des chiffres alarmants
Depuis la signature de l'accord, 173 migrants ont été renvoyés en France, tandis que 157 ont bénéficié d'une entrée légale au Royaume-Uni. En parallèle, 20 000 autres ont sillonné la Manche pour rejoindre les côtes britanniques. Ce dernier chiffre suscite des inquiétudes parmi les ONG de la région, qui rapportent un afflux croissant de migrants vivant dans des conditions précaires.
Des panneaux explicatifs sur l'accord « One In One Out » ont été installés dans les camps du nord de la France, illustrant les implications de cette politique. Murtaza, un réfugié afghan, note que malgré les risques d'expulsion, de nombreux migrants semblent ignorer les enjeux de l'accord, privilégiant la traversée clandestine. La météo, facteur crucial pour ces périples, reste déterminante : « On surveille le temps, » dit-il.
La pression britannique sur la France
Les bénévoles des associations d'aide aux migrants constatent également que la politique actuelle n'a pas eu l'effet dissuasif escompté. « Nous avons constaté une augmentation des repas distribués, passant de 500 au printemps à près de 1 000 cet été, » témoigne Dominique, membre de l'association SALAM. Les critiques de l'opposition britannique pointent du doigt l'inefficacité de l'accord, arguant que les autorités françaises ne semblent pas agir avec suffisamment de vigueur pour intercepter les bateaux.
Dans un document confidentiel transmis à l'équipe de l'Œil du 20h, il est révélé que la France a modifié discrètement sa stratégie en réponse à la pression britannique. L'objectif serait désormais d'empêcher les départs en utilisant des mesures coercitives, telles que l'interception des embarcations avant leur mise à l'eau. Le ministère de l'Intérieur français a cependant déclaré que l'accord « One In One Out » est encore à l'état expérimental et qu'il serait prématuré d'en dresser un bilan définitif.
Dans cette situation complexe, il est crucial de continuer à observer l'évolution de la crise migratoire, ainsi que les implications de cet accord sur les conditions de vie des migrants dans la région. Ce dossier reste à suivre de très près.







