Cardiff City et le FC Nantes s'affrontent au tribunal de commerce de Nantes, près de sept ans après la tragique disparition d'Emiliano Sala. L'avocat de Cardiff a évoqué "la négligence" d'un agent, tandis que Nantes parle d'un "acharnement judiciaire". Les plaidoiries ont eu lieu ce lundi et la décision sera rendue le 30 mars.
Emiliano Sala, attaquant argentin de 28 ans, a perdu la vie dans un accident d'avion en janvier 2019 en survolant la Manche alors qu'il se dirigeait vers Cardiff City, où il venait d'être transféré depuis le FC Nantes. Malheureusement, il n'a jamais eu l'occasion de jouer avec son nouveau club.
En 2023, Cardiff City a saisi le tribunal pour réclamer des dommages et intérêts à la suite des pertes financières engendrées par le décès de Sala. Les avocats du club gallois soutiennent que le FC Nantes, via l'agent Willie McKay, était impliqué dans l'organisation du vol fatal. Selon eux, bien que le transfert d'Emiliano Sala ait été validé, l'organisation du vol pose question.
« Willie McKay ne pouvait ignorer l'illégalité du vol », a argué l'avocat de Cardiff, Me Olivier Loizon, ajoutant que l'attaquant n'aurait pas dû se trouver dans cet avion, quel que soit le motif de l'accident.
De l'autre côté, les représentants du FC Nantes défendent leur position en rappelant que seul David Henderson, le véritable organisateur du vol, a été condamné au Royaume-Uni pour avoir engagé un pilote non qualifié et pour avoir transporté un passager sans autorisation valide. Me Jérôme Marsaudon, avocat de Nantes, a précisé que « Willie McKay n'agissait que comme aide pour son fils, l'agent Mark McKay, qui avait été engagé directement par le club ». La défense des avocats du FC Nantes dépeint un tableau où Cardiff aurait exploité ce drame pour des raisons financières plutôt que sportives.
Ils qualifient l'approche de Cardiff d'« instrumentalisée » et dénoncent l'« acharnement judiciaire » infligée au club, en insistant sur le fait que les éléments de ce dossier ne justifient pas une culpabilité du FC Nantes.
Le préjudice financier réclamé par Cardiff a été évalué à plus de 120 millions d'euros, un chiffre jugé « fantasmagorique » par l'avocat de Nantes, Me Louis-Marie Absil. Ce dernier a entendu un expert financier du FC Nantes souligner les nombreuses erreurs dans cette estimation.
Face à ces enjeux, le FC Nantes a demandé au tribunal un million d'euros de réparation pour le préjudice moral causé par la situation. Paradoxalement, en 2022, le Tribunal arbitral du sport avait clairement affirmé que le transfert était validé au moment de la tragédie. De plus, un autre jugement de la FIFA en 2023 a ordonné à Cardiff de payer le reste du transfert de Sala, soit plus de 11 millions d'euros sur un total de 17 millions.
Cette affaire tragique soulève de nombreuses questions sur la sécurité dans le transport aérien dans le monde du football et met en lumière les ramifications juridiques souvent complexes entourant les transferts de joueurs. Selon un expert en droit sportif, ces conflits pourraient aussi redéfinir les responsabilités des clubs et des agents dans le futur.
