Dans un tournant remarquable, la Chine a réussi à transformer son image de fabricant de produits bon marché en un leader incontesté de l'innovation technologique. Selon un rapport de l'Australian Strategic Policy Institute, la Chine domine désormais des secteurs cruciaux tels que l'intelligence artificielle, la défense, l'énergie et la biotechnologie. Cette avancée s'inscrit dans un contexte où, il y a à peine deux décennies, le pays faisait face à de sérieuses lacunes dans son écosystème d'innovation.
Un rapport de 2005 de l'Académie chinoise des sciences pointait déjà du doigt une valorisation insuffisante de la recherche et une allocation inefficace des ressources. Cependant, les choses ont radicalement changé. Aujourd'hui, la Chine est à la tête de la plupart des technologies critiques, notamment celles liées aux matériaux avancés et à la robotique.
Dans le cadre de sa stratégie ambitieuse, le gouvernement chinois a promulgué le quinzième plan quinquennal (2026-2030), qui vise à renforcer l'autonomie du pays dans les domaines technologique et économique. Ce plan met un accent tout particulier sur l'éducation et la recherche, cherchant à réduire la dépendance vis-à-vis des technologies étrangères.
Un article de Journal du Geek souligne que la Chine représente près de la moitié des chercheurs en IA de haut niveau et produit plus de 50 % des brevets en la matière. Ses vastes quantités de données, résultant d'une utilisation massive des applications et des plateformes numériques, sont un atout majeur pour l'entraînement des modèles d'intelligence artificielle.
Les dépenses massives en infrastructures énergétiques, particulièrement dans le nucléaire, contribuent également à soutenir l'essor des centres de données, permettant à la Chine de réduire considérablement les coûts d'exploitation. Cette stratégie est renforcée par le programme "Eastern Data, Western Compute", qui optimise la consommation d'énergie pour le traitement des données.
Comme l'indique un rapport de France24, la diffusion diversifiée de l'IA occupe une place centrale dans cette dynamique. Plutôt que de se concentrer uniquement sur des modèles complexes, la Chine favorise l'intégration rapide des solutions IA dans tous les secteurs. Cette approche a déjà été observée dans l'automobile où les technologies chinoises ont connu un succès fulgurant.
Un autre aspect clé réside dans le retour des talents. Historiquement, la fuite des cerveaux a été un problème majeur pour la Chine. Cependant, grâce à des programmes comme les "1.000 talents", la majorité des étudiants ayant étudié à l'étranger choisissent de revenir, contribuant ainsi à l'essor scientifique du pays.
Ce cheminement souligne un changement de paradigme, où les États-Unis, autrefois leaders en matière de recherche, voient leur position défiée. La Chine est désormais en avant sur 66 des 74 technologies surveillées, une situation qui a conduit Washington à lancer l'initiative "Mission Genesis" pour relancer la recherche en IA sur son sol.
Dans cette lutte technologique, l'Europe se retrouve dans une position délicate, essayant de naviguer entre les intérêts américains et chinois tout en préservant ses propres capacités industrielles et d'innovation.
